Extrait de https://framablog.org/2022/08/17/ecosocialisme-numerique-une-alternative-aux-big-tech
Louis Derrac, Michael Kwet.
L’accord sur les Technologies Numériques
Les grandes entreprises technologiques, la propriété intellectuelle et la propriété privée des moyens de calcul sont
profondément ancrées dans la société numérique et ne peuvent être éteintes du jour au lendemain. Ainsi, pour remplacer
le capitalisme numérique par un modèle socialiste, nous avons besoin d’une transition planifiée vers le socialisme
numérique.
Les écologistes ont proposé de nouveaux “accords” décrivant la transition vers une économie verte. Les propositions
réformistes comme le Green New Deal américain et le Green Deal européen fonctionnent dans un cadre capitaliste qui
conserve les méfaits du capitalisme, comme la croissance terminale, l’impérialisme et les inégalités structurelles. En
revanche, les modèles écosocialistes, tels que le Red Deal de la Nation Rouge, l’Accord de Cochabamba et la Charte de
justice climatique d’Afrique du Sud, offrent de meilleures alternatives. Ces propositions reconnaissent les limites de
la croissance et intègrent les principes égalitaires nécessaires à une transition juste vers une économie véritablement
durable.
Cependant, ni ces accords rouges ni ces accords verts n’intègrent de plans pour l’écosystème numérique, malgré sa
pertinence centrale pour l’économie moderne et la durabilité environnementale. À son tour, le mouvement pour la justice
numérique a presque entièrement ignoré les propositions de décroissance et la nécessité d’intégrer leur évaluation de
l’économie numérique dans un cadre écosocialiste. La justice environnementale et la justice numérique vont de pair, et
les deux mouvements doivent s’associer pour atteindre leurs objectifs.
À cet effet, je propose un Accord sur les Technologies Numériques écosocialiste qui incarne les valeurs croisées de
l’anti-impérialisme, de la durabilité environnementale, de la justice sociale pour les communautés marginalisées, de
l’autonomisation des travailleurs, du contrôle démocratique et de l’abolition des classes. Voici dix principes pour
guider un tel programme :
- Veiller à ce que l’économie numérique ne dépasse pas les limites sociales et planétaires.
- Supprimer progressivement la propriété intellectuelle.
- Socialiser l’infrastructure physique.
- Remplacer les investissements privés de production par des subventions et une production publiques.
- Décentraliser Internet.
- Socialiser les plateformes.
- Socialiser l’intelligence numérique et les données.
- Interdire la publicité forcée et le consumérisme des plateformes.
- Remplacer l’armée, la police, les prisons et les appareils de sécurité nationale par des services de sûreté et de
sécurité gérés par les communautés.
- Mettre fin à la fracture numérique.
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